A la fin du XVIIIe siècle, l’espérance de vie moyenne en France ne dépasse pas 30 ans, sachant que la moitié des enfants mourrait avant l’âge de 10 ans. Les données statistiques de la Suisse toute proche ne devaient guère différer, aussi mesure-t-on l’étonnement amusé du pasteur d’Aubonne, dans le canton de Vaud, à la vision d’un nouveau-né, Charles-Henri-Salomon de Mestral, tenu sur les fonts baptismaux par ses deux grands-pères, âgés de 45 et 55 ans, une grand-mère paternelle de 47 ans et ses deux arrière-grand-mères maternelles, âgées de 59 et 75 ans. Le père, capitaine d’une compagnie de chasseurs carabiniers, portait haut ses 25 ans. La jeune mère comptait 19 printemps.
Le pasteur, qui n’a pas dû voir cela souvent, note dans la marge de l’acte : « NB : les 4 générations ont été devant la Chaire ». La passerelle temporelle entre le nouveau-né et sa bisaïeule la plus âgée, Suzanne de Chandieu, née en 1720, au début du règne de Louis XV, est donc de 75 ans. Quatre générations réunies, voilà qui ne surprend plus guère à l’heure où les familles à 5 générations, centenaires en tête, ne font plus exception !
Sources :
– Archives cantonales vaudoises, Eb 8/10, paroisse réformée d’Aubonne, 1782-1818
– Photographie : vintagefamilies, Four generations, 1905
A lire sur le sujet : Geneviève Arfeux-Vaucher, « Dans les familles à 5 générations, je demande les arrière-arrière-grands-parents », in Gérontologie et société 2001/3 (vol. 24/n°98), pages 113 à 128 [disponible sur CAIRN.INFO : https://www.cairn.info/revue-gerontologie-et-societe1…]