« Dame Marie Antoinette Blanc […] est une fort jolie personne… » mentionne le procès-verbal de la séance du 15 octobre 1829 de la Chambre des étrangers de Genève. On imagine le scripteur empourpré, bredouillant, foudroyé par le sourire de la belle lyonnaise de 27 ans, au point de contrevenir à la sacro-sainte règle de neutralité administrative.
L’épais registre, parcouru en long et large, confirme qu’il s’agit de sa seule entorse au règlement, un unique et délicat moment d’égarement poétique. L’administration genevoise ne cherche pas chicane à la demoiselle, elle a trop bonne mine. L’autorisation de séjour est accordée d’office. La beauté physique était, déjà, un prodigieux facilitateur.
Cédons à l’uchronie : et si le secrétaire de la Chambre des étrangers et la « fort jolie » Marie Antoinette Blanc s’étaient revus, batifolant discrètement à l’ombre des grands arbres du parc des Bastions ?
Source (non accessible en ligne) : Archives cantonales de Genève, Etrangers, C13, procès-verbaux des séances de la Chambre des étrangers, 1816-1857, folios 705/706